December 07, 2024

Alerte au Kremlin - 1 web série

 Parti de Best au crépuscule, le Caracal survolait en rase-mottes les côtes de Bretagne jusqu’à Aber Wrac’h avant de virer vers le nord. Traversant le rail surchargé de porte-conteneurs, l’hélicoptère évita de près un monstre portant 23 000 « boîtes », haut comme un immeuble de 20 étages, qui se dirigeant vers Anvers. Il pointa au 340. La côte anglaise brillait de mille feux, mais la direction prise par le pilote évitait les radars britanniques et visait la pointe Est des Scilly. Le co-pilote brancha ses capteurs infrarouges. Le site était désert. L’H225M se posa dans un silence très relatif, à l’abri des regards. La lune se levait à l’horizon, mais l’engin, noir de peau, redevenait invisible. À bord, Jacques Sollin s’était endormi. On n’entendait au loin que le ressac. La lune se leva, éclairant faiblement une zone dégagée, entourée de pins maritimes. Une brise légère pénétra dans le cockpit. Jacques ouvrit un œil et replongea. Il avait besoin de sommeil et il ignorait ce que lui réserverait les jours à venir.


 À l’aube, une cavalcade bruyante réveilla en sursaut les trois soldats à bord de l’engin. La nuit avait été courte. Jacques regarda les quatre chevaux avec appréhension. Ils longeaient la grève, dans un galop bruyant et rapide. Mais rien n’annonçait la source de leur course effrénée. Il posa ses jumelles.


 — Il est temps de filer, dit-il.


 — Ok, on se bouge.


 Dix minutes plus tard, l’hélicoptère lourd s’élevait dans le ciel argenté. Reprenant sa course vers le nord, il longea la crête des vagues en folie. Soulevant une écume argentée, l’hélicoptère, qui ne disposait que d’une capacité de cinq heures de vol, restait à très basse altitude en direction du Nord.
 — ETA 7:34, annonça le pilote.
 À l’arrière, Jacques tentait de démêler les sangles de son équipement. En les chargeant trop vite, elles s’étaient emberlificotées dans des nœuds impossibles. Il pestait contre cette mission lancée trop rapidement et bien mal préparée. C’était typique du colonel : vitesse et précipitation. Charge à lui de rester agile…

 Ancien nageur de combat, Jacques Sollin avait rejoint la DGSE depuis quatre ans. Enchaînant les missions spéciales, il passait la plupart du temps dans l’ombre. Mais depuis quelques semaines, une rencontre avait changé sa vie. Elle s’appelait Doreen. Américaine, elle avait cassé son énergie farouche par sa sensualité et sa grâce. Il se sentait soudain fragile.
 7:32, mer d’Irlande. La mer devenait très agitée avec un force 6 déjà annoncé. Le navire qui devait les ravitailler était bien au rendez-vous. Sa coque de vieux roulier marquait un âge certain. Long de 60 mètres, battant pavillon panaméen, il avait sur le pont un espace aménagé pour accueillir l’H225M. C’était lui qu’ils avaient attendu cette nuit. La rouille du navire était visible de loin, en dépit de la pluie qui balayait le cockpit de l’hélicoptère. Le vent filait maintenant à 30 nœuds, et l’atterrissage du Caracal prit du temps, alors que le navire roulait sur des lames ébréchées par le grand frais.
 Jacques fut pris de nausée. Il avait passé trop de temps à terre et appréhendait cette nouvelle sortie.
Sur le pont, alors que deux hommes s'affairaient à ravitailler l’hélicoptère, Jacques aperçut un vieux baril coupé en deux. Le pont était sale, mal rangé. Cela devait servir au camouflage du navire. Il connaissait bien le vieux San Pedro, utilisé par la marine française pour ravitailler les hélicoptères en mission spéciale. Il s’était déjà posé une vingtaine de fois sur ce vieux bateau, mais n’avait jamais aussi peu apprécié cette halte. Un pressentiment ? Ou juste l’influence de Doreen qui le détournait de sa rage habituelle ?



Il avait dû déclarer au patron l’existence de la jeune femme. Qu’un agent français s’amourache d’une Américaine sortait du cadre. Mais le colonel avait été indulgent Probablement parce que Sollin était son meilleur atout. Toujours prêt pour les missions les plus folles, d’une endurance hors norme, l’ancien marin parlait couramment le russe, ce qui le destinait aux missions les plus dangereuses.
 Sollin s’en doutait. Mais il se rendait compte que les règles de la « Piscine » n’étaient pas fortuites. Doreen devenait pour lui un point faible, en plus du chocolat.




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