« Prologue
Dimanche 1er novembre, Moscou.
Sergueï Dimitri Marinov longea les murs du Kremlin et pénétra dans un long bâtiment stalinien aux allures sévères. Il retira sa chapka, ses gants et frotta ses mains gelées avant d’appeler l’ascenseur. Il était 9 h 15. Que lui voulait le Général Nouresko ? Depuis qu’il avait été à nouveau expulsé de France après l’affaire des drones (cf. tome 15), il n’imaginait plus retourner là-bas. Il s’attendait au pire.
– Alors, Sergueï Dimitri, lui dit le Général, en forme pour une nouvelle mission’?
– Toujours prêt, camarade Général.
– J’ai besoin de vous en Ukraine. Depuis notre sécurisation de la Crimée, le Président me demande de nous assurer que nos savoir-faire ne passent pas à l’Ouest.
– Savoir-faire ?
– Je ne parle pas de ces grouillots d’artilleur, mais de la crème de la marine : les sous-mariniers. Imaginez que ces hommes, formés chez nous et rompus à nos techniques d’attaque et de défense, se retrouvent conseillers de forces alliées.
– En effet, cela ferait du grabuge.
– Rappelez-vous qu’au moment de l’indépendance, on a laissé à la marine locale quelques vieux rafiots en fin de course. Ils en ont vendu pas mal, jusqu’à’ce porte-avions racheté par les Chinois et détruit par les Américains il y a quelque mois (cf. tome 15). Mais, maintenant qu’ils se rapprochent de l’OTAN, ils peuvent devenir vraiment nuisibles.
– Vous voulez les neutraliser ?
– Appelez cela comme vous voulez. Je vous donne là-dessus un code rouge, signé par le Président.
– Un code rouge !
À vos ordres, camarade général.
Il salua son chef et sortit. Le code rouge n’était autre qu’une expression détournée pour qualifier un permis de tuer… Dans le cadre des opérations extérieures, il était émis rarement, ou assorti de précautions
diplomatiques. En Ukraine, dans la guerre larvée qui durait depuis des mois, cela impliquait de prendre quelques précautions. Il savait que beaucoup de Russes sur place étaient prêts à donner un coup de main. Mais cela demandait du doigté, car le pays restait instable et il était difficile de connaître vers où le cœur d’un Ukrainien pouvait pencher. Il descendit d’un étage et frappa au bureau de Martha Serenovna. La jeune femme avait pris du galon. Directement
rattachée au général Nouresko, elle coordonnait maintenant toutes les équipes de surveillance électronique.
– Salut Camarade, dit-elle, en faisant entrer Sergueï.
Elle avait un beau port de tête et des cheveux courts, qui lui donnaient à la fois un air martial et moderne, mais masquait une féminité qu’il aurait cherché à réveiller, s’il avait eu vingt années de moins. Elle lui
faisait penser à cette Olga qu’il avait perdue en France, au large de La Rochelle, dans une affaire qui lui avait coûté fort cher (cf. GSM1). Comme elle, Martha avait du caractère.
– Qu’est-ce que je peux faire pour toi, Sergueï Dimitri ?
Il lui remit son ordre de mission. Elle le parcourut rapidement.
– Un code rouge signé. Ils sont rares ! Tu devrais l’encadrer chez toi, plaisanta-t-elle.
Elle avait un sourire charmeur. Mais Sergueï n’avait pas l’âme à sourire :
– J’ai besoin de deux choses : la liste des cibles et une équipe locale pour me seconder.
– Donne-moi trois jours. Je suppose que tu pars bientôt…
– Je serais probablement déjà là-bas.
– Alors je t’enverrai quelqu’un à Kiev… Procédures habituelles. Mot de passe : Crimaskaia
– Crimaskaia… Bien noté, camarade Martha.
Extrait de Retour de la guerre froide : Guerres secrètes, tome 1
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